Tuesday, October 10, 2017

A SOCIÉTÉ TOUJOURS PLUS MOBILE, CORPS TOUJOURS PLUS SÉDENTAIRES ?

La mobilité est une des grandes valeurs de nos sociétés modernes et connectées.

Tout, aujourd'hui, se doit d'être mobile. On doit pouvoir tout faire en situation de mobilité. Et c'est déjà plus ou moins le cas. Avec nos mobiles, nous sommes tous devenus des PME ambulantes.

Parallèlement le souci du corps et de la santé (autre grandes valeurs de nos sociétés contemporaine) font que depuis une quinzaine d'années, nos villes sont devenues des stades.

Cela c'est le ressenti. C'est ce que nous vendent tous les jours des marques comme Nike et Apple.

Sauf que ce ressenti est en parti ... faux.

Aujourd'hui la sédentarité et l'obésité sont en forte croissance partout dans le monde.

En ce qui concerne la situation française, il faut lire l'interview qu'a accordé hier au Monde  François Bourdillon, directeur de Santé publique France, et titré "La diminution de l'activité physique chez les femmes est préoccupante"

En voici quelques extraits significatifs.
"Pour les adultes, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande 30 minutes/jour d’activité d’intensité modérée ou ­intense au minimum 5 jours par semaine, ou 25 mn/j d’activité physique intense trois fois par semaine au minimum.
En 2015, seulement 52,6 % des femmes adultes ont atteint ce niveau, alors qu’elles étaient 62,5 % en 2006. La baisse du niveau d’activité physique se retrouve dans toutes les classes d’âge, même si elle est plus prononcée chez les femmes de 40-54 ans. C’est un résultat auquel nous ne nous attendions absolument pas. Cette évolution est d’autant plus frappante que, chez les hommes, le pourcentage d’adultes physiquement actifs est passé dans le même temps de 63,9 % à 70,4 %.
Parallèlement, femmes et hommes passent aujourd’hui en moyenne 6 heures 35 minutes par jour dans des activités sédentaires, c’est considérable. Entre 2006 et 2015, le temps quotidien passé devant un écran, qui est un des ­indices de sédentarité, a considérablement progressé chez les femmes. En dehors de leurs heures de travail, elles passent désormais 4,7 à 5,4 heures/jour devant un écran (selon leur tranche d’âge), contre 2,7 à 3,3 heures en 2006. Inactivité et sédentarité sont deux facteurs de risque distincts et aujourd’hui 22 % des femmes les cumulent, contre 17 % des hommes." (...) 
 (...)"En moyenne, moins de 25 % des 6-17 ans ­atteignent les 60 minutes d’activité physique quotidienne recommandées par l’OMS, c’est très peu. Surtout, le pourcentage d’enfants inactifs (déclarant un niveau d’activité physique bas) a été multiplié par cinq en dix ans chez les garçons de 6-10 ans, et par trois chez les filles de cette même classe d’âge. Nous nous attendions à une augmentation de l’inactivité, mais pas à ce point. 
Parallèlement, et comme chez l’adulte, le niveau de sédentarité progresse. Entre 2006 et 2015, le temps d’écran quotidien a augmenté d’une heure chez les 6-17 ans. En moyenne, nos enfants passent aujourd’hui plus de 4 heures par jour devant une console, la télévision, un ordinateur."
En lisant ces lignes, on comprend que si le discours dominant tente d'associer connectivité à mobilité, c'est tout le contraire qui se passe

La connectivité et les écrans partout, c'est aussi la sédentarité partout, On regarde un écran assis - voir "Génération vautrée".

Et le problème va encore s'accentuer demain avec la voiture autonome, conçue comme un smart-phone à roulettes et destinée à capter encore un peu plus notre attention via les écrans.


Avec la voiture autonome, on va nous vendre de la mobilité ... qui ne sera, en fait, qu'une autre forme de sédentarité.

Certes, on peut toujours imaginer que la voiture autonome se transforme en salle de sport - voir, - mais faut pas rêver.

C'est pour cela qu'il va commencer à devenir urgent d'aborder autrement les problématiques de la mobilité.

Il va nous falloir passer d'enjeux de mobilité à des enjeux de motricité.

Il va falloir penser la ville, non plus sous le simple angle de la mobilité, mais de façon globale sous l'angle de ce que nous appelons la motri-cité ®. C'est à dire une approche qui mette, enfin, le corps en mouvement au coeur de la réflexion de la réflexion urbaine.

Nous allons donc devoir passer d'une approche transports à une approche trans-sports ® qui met elle aussi le corps en mouvement et la sportivité au coeur de la réflexion sur la mobilité urbaine du futur.

Ça veut dire qu'il faut comprendre les mutations du sport et les nouveaux imaginaires qui s'y déploient.

Ça veut dire imaginer "comment les nouvelles pratiques sportives peuvent alimenter notre réflexion sur la mobilité demain".